Accoucher par le siège, c’est faire confiance à soi-même, à son bébé et à la vie!

Témoignage de Chiara Diana, maman de Kitano Ludovico

Du jamais vu dans ma famille

Je suis Chiara, je suis Italienne, j’ai 42 ans, je vis à Bruxelles depuis 2017 et je suis la maman de Kitano Ludovico, mon premier bébé, né le 8 novembre 2020 en siège avec un accouchement physiologique. Je reviens sur cet accouchement avec un sourire sur les lèvres et de belles émotions. Kitano a décidé de venir au monde en siège. Traditionnellement pour ma famille, un accouchement par siège était impensable, c’était du genre « jamais vu », d’une part parce que trop dangereux pour l’enfant et pour la mère, d’autre part parce que le personnel médical n’est pas compétent pour ce type d’accouchement. Pour une telle situation, la seule solution envisageable était alors l’accouchement par césarienne. D’autant plus que ma condition de jeune maman de 41 ans n’aidait pas à envisager d’accoucher autrement que par cette opération. Ceci était l’avis partagé aussi par le personnel médical de l’hôpital où j’avais initialement prévu d’accoucher.

Faire bouger bébé

Avec ce background familial et suivant les conseils de mon entourage, j’ai alors cherché à ‘convaincre’ mon bébé de changer de position: marcher à quatre pattes dans toute la maison, privilégier certaines positions de yoga, faire des séances d’acupuncture, faire des séances de parole au bébé pour ‘comprendre’ les raisons de mon bébé à rester en position de siège. De plus, malgré un premier refus, j’ai même accepté de faire une version par manœuvre externe à l’hôpital.

Faire confiance

Si d’un côté, poussée par la peur et l’incertitude, je cherche à tout prix à changer de position à mon bébé, de l’autre, Amala Espace Naissance (le collectif de sages-femmes qui m’accompagne pour cette grossesse) me rassure en m’encourageant à faire confiance à moi et à mon bébé, et surtout en me parlant de la possibilité d’accoucher par siège à la clinique du siège de l’hôpital Erasme. Soutenue par la bienveillance et l’expérience des sages-femmes, je commence à accepter la ‘volonté’ de mon bébé de naître en siège, à croire en moi-même et en ma force de volonté, mais surtout à faire confiance en mon corps qui doit supporter un tel – premier – accouchement. De plus en plus convaincue de ma décision d’accoucher par siège, je me prépare psychologiquement à vivre cela avec confiance. Je parle à mon bébé et je lui explique ce que nous allions vivre ensemble, comment cela peut se passer et ‘faire équipe’ lui et moi, pour faire de son accouchement un moment de joie et de pleine confiance en la force de la vie.

Patience

Le terme prévu pour la naissance est le 2 novembre mais à cette date, rien ne bouge. Kitano Ludovico n’a pas encore décidé de voir le monde. Si dans certains cas, un tel retard est vécu sans grands soucis, dans mon cas, il pose problème. Si mon bébé ne se décide pas à naître spontanément, alors il faut me déclencher, c’est-à-dire procéder par césarienne. Le spectre d’un tel accouchement revient en force et il me semble impossible d’y échapper. Une césarienne est alors programmée au bout d’environ 15 jours après la date du terme. Les jours suivants, je fais l’impossible pour la naissance se mette en route: je fais des longues balades, je mange régulièrement des dattes, je bois des tisanes de framboisier etc. Et un samedi je décide de manger un couscous tunisien bien épicé après une belle journée de balade.

La naissance

Le dimanche matin suivant ma poche des eaux se rompt enfin et avec mon compagnon, nous partons à l’hôpital Erasme, sur conseil de la sage-femme de garde. Une fois arrivée, je suis très bien accueillie par l’équipe médicale de la clinique du siège. Tout est prêt, je suis régulièrement monitorée pour contrôler l’état de santé de mon bébé et connaître l’avancement des contractions. Néanmoins ces dernières restent particulièrement calmes et malgré la poche des eaux rompue, mon bébé semble pas pressé de naître. Vers 17, après que j’ai passé l’après-midi entier à me promener dans le couloir de la maternité, la sage-femme de garde me propose de prendre un bain chaud pour voir si l’accouchement avance ou s’il s’arrête. Une fois installée dans la baignoire, l’accouchement actif commence : les contractions arrivent avec une fréquence régulière et avec une intensité toujours plus forte. Tout se passe bien, j’ai une profonde confiance en moi et mon bébé, et je me sens rassurée et bien protégée par l’équipe médicale. Vers 22h, la sage-femme de garde vérifie l’état d’avancement de l’accouchement et découvre que le col de l’utérus est bien ouvert (8 cm). Je suis enfin prête à accoucher. Avec l’aide de l’équipe médicale, je sors de la baignoire et je me dirige vers la salle d’accouchement. Je suis installée par terre à quatre pattes entourée par l’équipe médicale, mon compagnon et la sage-femme de garde. Tout se passe bien, soutenue par les personnes présentes, moi et mon bébé faisons équipe pour qu’il voie le jour rapidement. Après deux ou trois poussées, je commence à sentir ses petites jambes sortir une après l’autre. Puis c’est le tour de ses bras, et hop un bras est déjà dehors suivi aussitôt par le deuxième. Il ne reste que sa petite tête. A ce moment, la gynécologue de garde me suggère de changer de position. Je suis rapidement installée sur le dos et dès que je m’installe, avec un extraordinaire tour de main, comme par magie, mon bébé naît et il est immédiatement posé sur mon ventre. Il est né à 23h52 du dimanche 8 novembre 2020. A partir de ce moment, une aventure magnifique pleine d’amour et de tendresse a commencé, qui continue encore aujourd’hui après un an et qui – je suis certaine – continuera pour le reste de notre vie.

Le plus beau moment de ma vie

Mon premier accouchement, physiologique, en siège, sans aucune intervention médicale ni péridurale, a été le plus beau moment de ma vie. Ma détermination d’accoucher en faisant équipe avec mon bébé, ma décision d’accepter sa ‘volonté’ de naître en siège et d’avoir confiance en moi, en lui et en la force de la vie, ont gagné sur les peurs, les incertitudes et les protocoles médicaux obsolètes.


Bruxelles, 19 novembre 2021

Chiara Diana

Kitano
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