Il y a une différence entre soulever et porter, entre manipuler et se connecter. En pratiquant le portage affectif avec votre enfant, il apprend à se connaître et vous établissez une relation entre vous.
Par Patricia Wichman, haptothérapeute – kinésiste
Picture by Marijke Thoen
Lorsqu’un enfant vient au monde après neuf mois dans un giron protecteur, il débarque dans un monde plein de stimuli. Sa peau est totalement disponible, ouverte. C’est pour cela qu’il a tant besoin d’être touché. Le toucher est un véritable langage pour les enfants. Et pour les parents, c’est toute une exploration que d’apprendre à connaître son enfant de cette manière. Chaque bébé réagit à sa façon au toucher et au contact. Lorsque le parent y est attentif, l’enfant peut se percevoir lui-même, prendre conscience de son existence. Le contact affectif et confirmant permet à l’enfant de sentir que le parent est là et que lui-même est présent.
‘Percevoir ce droit à l’existence est une condition de base pour vivre. En touchant l’enfant de cette façon, on confirme l’enfant dans son être.’
Confirmer, c’est “attacher”, l’enfant “s’attache” à la vie, à vous, ses parents.
Le portage par la base entre dans l’accompagnement haptonomique des parents et de l’enfant pendant la grossesse et l’accouchement. L’accent y est mis sur l’élaboration d’un lien affectif entre l’enfant (avant et après sa naissance) et ses parents. Dans le ventre de sa mère, l’enfant perçoit qu’il est le bienvenu, qu’il peut exister à sa façon. Il y découvre qu’il y a un monde dehors vers lequel il peut se tourner, auquel il peut s’ouvrir, en confiance. Cette confirmation puissante au travers de ce toucher existentiel donne à l’enfant une base solide qu’il peut expérimenter en lui-même. Une base de sécurité à laquelle il peut sans cesse revenir.

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Le sens du toucher joue un rôle important dans l’élaboration du lien affectif avec l’enfant. C’est en effet avec le toucher que nous établissons le contact, nous créons le lien, nous construisons la confiance. Ce sens se trouve dans la peau, la porte d’entrée vers le corps. Toucher et être touché est une besoin de base, qui nous permet d’engranger de l’information.
En câlinant votre enfant ou votre bébé, en le chérissant et en le portant par la base, vous l’invitez à habiter son corps, à se sentir chez lui dans son corps. Vous lui offrez ainsi un sentiment de sécurité de base. C’est à partir de cette sécurité et en confiance qu’il peut découvrir son environnement au travers du jeu.
Quelle est la différence entre le portage affectif et la manipulation-levage?
En portant votre bébé, en le soutenant avec amour d’une main sous le bassin et de l’autre sous l’aisselle, il va venir se nicher dans votre main. De façon ludique, vous lui permettez ainsi de développer une bonne conscience du corps et de se sentir “un”, ce qui va contribuer à sa confiance en soi et à son assurance. L’enfant en témoigne en souriant, en vous regardant et en ouvrant les bras. Il se sent vraiment “en de bonnes mains”.
Portage par la base

Manipulation

Lorsqu’on “attrape” l’enfant sous les aisselles pour le “passer” à quelqu’un d’autre, il perd son sentiment d’unité et pend de façon passive, comme un objet. La tête bascule en arrière dans ce portage très inconfortable. Certains enfants se mettent à pleurer, d’autres protestent. Si ces signaux sont niés de manière systématique, l’enfant aura tendance à nier ses sentiments et à se comporter de façon passive.
Ce portage par la base indique à votre enfant qu’il peut se considérer comme “bon” et “entier”, qu’il peut écouter ses sensations et émotions. Il se conformera moins rapidement au fil des années aux obligations et aux attentes. En ce sens, ce type de portage constitue une forme de prévention et renforce la résilience de l’enfant.
Pour plus d’explications, pour apprendre d’autres applications de ce type de portage ou pour un accompagnement de la grossesse et de la naissance par l’haptonomie, rendez-vous sur www.haptonomie-sulis.be.
Sources
Mol,L. (2010). Wat zeg je? Amsterdam
Veldman, F. (2007), Levenslust en levenskunst, Blaricum
Talma, D. (2010). Het lichaam als verhaal, Amsterdam