Non, ce n’est pas un coup de blues passager, mais un vrai creux, vous vous sentez anxieux.se, abattu.e? Vous n’êtes pas la.e seul.e. Environ 20% des jeunes familles sont confrontées à des problèmes psychiques au cours de la période périnatale. Inutile d’en avoir honte et de se cacher, au contraire, il faut s’en occuper.

Illustration by Helene the Illustrator

La parentalité bouleverse la vie de chacun.e. Rien de plus normal de vivre des montagnes russes émotionnelles. Et nous connaissons tou.te.s des périodes de creux, et les jeunes parents encore plus. Qui ne se sentirait pas raplapla quand un bébé vous a tenu éveillé.e la moitié de la nuit?

Problème de concentration, mauvais sommeil, horaire de repas perturbé, rien d’inhabituel dans la vie de jeunes parents, malheureusement. Cela va de pair avec les soins à un bébé, 24h/24, 7 jours/7.

Pourtant, il y a parfois anguille sous roche. Une femme sur cinq est éprouvée sur le plan émotionnel pendant la grossesse et/ou la première année après l’accouchement. Ces mamans se sentent souvent tendues, anxieuses, ruminent, se sentent abattues et n’éprouvent plus de plaisir à faire ce qu’elles aimaient auparavant. Est-ce votre cas? Vous avez des doutes? Ou avez-vous connu des difficultés psychiques par le passé? Ne restez pas seul.e. Consultez votre sage-femme ou votre médecin généraliste.

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Une copilote

Dans mon travail de sage-femme/psychothérapeute, j’accompagne les couples en difficulté ou en questionnement pendant toute la période périnatale. C’est ensemble, avec la femme ou le couple, que nous cherchons des solutions. Etant thérapeute “orientée solutions”, je permets à la personne de découvrir ses ressources intérieures personnelles. Je joue un rôle de copilote tandis que la personne est aux commandes. Je regarde la carte, rapporte ce qui se passe à gauche, à droite. C’est elle qui choisit l’itinéraire, prend tel ou tel embranchement.

‘Je me rends compte que souvent, la personne doute tellement d’elle-même qu’elle n’a plus de vue d’ensemble. Alors qu’en réalité, elle est la mieux placée pour savoir ce qui fonctionne pour elle.’

Notre société propose tellement de choix, d’options, chacun.e vient avec son avis ou ses conseils parfois contradictoires. Ce qui ne manque pas de semer la confusion, surtout lorsqu’on se sent peu sûr.e de soi.

 

Et mon bébé? Rien n’est perdu!

C’est vrai que les bébés souffrent du stress de leurs parents. Que ce soit pendant la grossesse ou après. Les études scientifiques ont démontré que les hormones de stress traversent le placenta et se retrouvent dans le lait maternel. Les problèmes psychiques impactent dès lors non seulement les (futurs) parents mais également leur bébé.

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Une affirmation qui a de quoi inquiéter, voire de faire culpabiliser. Inutile de paniquer, voici la bonne nouvelle: le cerveau du bébé est très souple et influençable. Vous n’avez donc pas abîmé votre bébé pour toujours. Bon nombre de personnes pensent que les bébés ne sont pas capables de communiquer, à tort. Pas avec des mots, certes, mais ils émettent des signaux et comprennent nos messages de façon instinctive.

Les bébés ont besoin d’adultes pour s’apaiser. Lien et communication sont les bases de cet apaisement. Pensez donc à bercer votre bébé, lui parler, chercher son regard. Rien que cela peut déjà faire baisser le niveau de stress d’un bébé. Il existe en outre la thérapie “Infant Mental Health” pour les nouveaux-nés, où parents et bébés apprennent à s’auto-réguler.

Le stress fait partie de la vie, à petite dose

N’oubliez pas non plus qu’un bébé a besoin d’une certaine dose de cortisol pour bien se développer. Notre corps possède un frein et un accélérateur. En cas de danger, nous devons pouvoir solliciter nos muscles pour fuir, mais nous devons également pouvoir revenir au calme. La situation dérape quand le réglage entre le frein et l’accélérateur dérape et qu’on se maintient en permanence en stress élevé. Bref, le stress n’est pas mauvais en soi, pas besoin d’être zen en permanence, tant qu’il y a assez de moments de détente.

Voici d’ailleurs un petit exercice de cohérence cardiaque pour faire fonctionner le frein.

L’application  “RespiRelax+” vous peut aussi vous aider à retrouver le calme.

N’hésitez pas non plus à consulter le livre “Naître Parents”.

La crise sanitaire semble augmenter les risques mentaux pour les jeunes parents. D’après Ceulemans et al. (2020), 40 à 50% des femmes enceintes et des jeunes parents ont présenté des états anxieux ou des sentiments dépressifs lors de la première vague.’

Au sujet de l’auteure


Dr. An-Sofie Van Parys est sage-femme, travailleuse psychosociale, psychothérapeute et sexologue. Elle a travaillé pendant de nombreuses années dans l’aide à la jeunesse et a consacré son doctorat à la violence conjugale. Elle travaille comme sexologue et psychothérapeute au cabinet de sages-femmes Zwanger in Brussel ainsi qu’à l’hôpital OLV d’Asse. Elle accompagne les femmes et les couples qui rencontrent des problèmes psychiques, relationnels ou sexuels liés à la grossesse et l’accouchement. Elle coordonne également le projet de santé mentale périnatale initié par l’université de Gand tout en consacrant sa recherche postdoctorale à la santé mentale pendant la grossesse jusqu’à un an après la naissance. Elle a également abordé le thème de la césarienne et de la peur d’accoucher.

 

Pour en savoir plus


Ceulemans M., Hompes T/ & Foulon V. (2020). Mental health status of pregnant and breastfeeding women during the COVID‐19 pandemic: A call for action.  International Journal of Gynecology and Obstetrics151(1):146-147.  doi: 10.1002/ijgo.13295